BRUXELLES, 14 juin - Ce lundi 12 juin, au Parlement fédéral, la Plateforme pour le Service Citoyen a organisé un colloque intitulé "Le Service Citoyen : quels impacts socio-économiques pour quel retour sur investissement ?". Cette matinée stimulante a permis d'explorer les impacts socio-économiques du Service Citoyen mais également ceux d'autres services de type civil ou civique mis en œuvre dans différents pays européens.
A l'heure actuelle, en Belgique et ailleurs en Europe, le chômage des jeunes adultes et la situation des "NEET" (Youth not in employment, education or training) restent une préoccupation majeure, compte tenu des coûts humains, sociétaux et financiers engendrés. Face à ce constat interpellant et dans un contexte budgétaire où les investissements publics visent à maximiser les rendements générés, le colloque a mis en perspective les impacts socio-économiques des services à la collectivité de types civique, civil ou citoyen. Si ces dispositifs, tel le Service Citoyen en Belgique, ne poursuivent pas une finalité socio-économique, force néanmoins est de constater que leurs impacts sur ce plan ne sont pas à négliger, tant pour les jeunes que pour la collectivité.
Le colloque, qui s'adressait en priorité aux mandataires politiques, a rassemblé des chercheurs belges et européens, le think tank Itinera et un expert du Bureau fédéral du Plan. Chacun a apporté un regard particulier sur les enjeux identifiés, avec en arrière-plan cette question transversale : en quoi le Service Citoyen et plus largement les services de type civil ou civique peuvent-ils être perçus, au-delà des coûts engendrés, comme de véritables politiques publiques d'investissement misant sur le potentiel et les actions réalisées par les jeunes les effectuant ?
Madame Alexia Bertrand, Secrétaire d’État au Budget au sein du Gouvernement fédéral, a ouvert le colloque en mettant en avant ce que le Service Citoyen apportait aux jeunes l'effectuant : en ressortir meilleur(e), contribuer à la société pour in fine renforcer le tissu social dans notre pays.
Par la suite, les chercheurs étrangers ayant réalisé des études d'impacts sur les services à la collectivité ont pu (dé)montrer très clairement que des dispositifs comme le Service Civique en France, le Servizio Civile en Italie ou encore le Maatschappelijke Diensttijd aux Pays-Bas permettaient aux jeunes qui les effectuent - surtout les plus fragilisés - de favoriser significativement leur insertion socio-professionnelle. Ceci se traduit concrètement par un meilleur accès à l'emploi, à la reprise de parcours scolaires ou de formation. En Belgique, les données statistiques confirment ces impacts socio-économiques positifs, parfois très significatifs. Ainsi, par exemple, si les jeunes qui commencent un Service Citoyen sont en moyenne dans près de 80% des cas considérés comme NEET, ils ne sont plus que 26,5% dans cette situation six mois après la fin de leur Service Citoyen. Même si ces dispositifs ne poursuivent pas directement des objectifs d'insertion ou d'activation socioprofessionnelles, vivre cette expérience renforce puissamment les trajectoires des jeunes qui l'ont effectué.
Dans une perspective plus macro-économique, le colloque a également montré l'impact de ces dispositifs en termes de "retour social sur investissement". Parce que ces services de type civil, civique ou citoyen rapportent à l’État plus que ce qu'ils coûtent grâces aux multiples bénéfices générés, ils peuvent être considérés comme de véritables politiques d'investissement centrées sur les jeunes citoyens et ce qu'ils (r)apportent à la collectivité.
Enfin, dans une conclusion prospective, Karel Volckaert et Joël Van Cauter, respectivement COO et fellow du think tank Itinera, ont mis en avant l'empowerment généré par la réalisation d'un Service Citoyen ainsi que l'importance cruciale du volet relationnel comme facteur-clé de la réussite de ce dispositif.
En dix ans, le Service Citoyen a permis à 3500 jeunes adultes d'acquérir des compétences essentielles à leur développement personnel, professionnel et citoyen, tout en étant utiles aux autres et à la société. Ce chiffre fait pourtant pâle figure à coté des 300.000 jeunes mobilisés chaque année dans nos pays voisins (France, Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg et Italie), lesquels disposent de cadres légaux soutenant leurs services civils institutionnalisés. En Belgique, un avant-projet de loi instaurant un Service Citoyen et une note budgétaire sont actuellement discutés au niveau du Gouvernement fédéral. La Vivaldi doit saisir l'occasion de rattraper son retard en la matière afin de faire du Service Citoyen une véritable politique publique de mobilisation de la jeunesse reconnaissant formellement et protégeant juridiquement chaque jeune désirant exercer activement sa citoyenneté.